analyse publicité "contre le sida"

Publié le par com&rage

 

 

 

 

Publicité Aides contre le Sida : Le Tournage

La publicité démarre par un plan d'ensemble d'un plateau de tournage. Il y a des ingénieurs du son, un réalisateur, des lumières. Il n'y a pas de bruit, si ce n'est celui des bulles d'un jaccuzzi.

On voit ensuite un homme aux cheveux mi-longs grisonnants, moustachu lisant un magazine dans le jaccuzzi, et une femme blonde en train de se faire maquiller.

Le troisième plan nous montre l'équipe de tournage se mettant en place pour filmer, et nous avons les premières paroles de la publicité, le réalisateur donnant le signal pour commencer à filmer. Il a des lunettes de soleil, une chemise, une bague.

Puis, on voit les deux acteurs dans le jaccuzzi filmés à travers une télévision, il y a un clap indiquant le numéro de la scène, le nombre de prises, comme pour tout film.

S'en suit le début de tournage, suite au mot « Action ». Les deux acteurs simulent une scène de sexe, sous les yeux indifférents de toute l'équipe de tournage. Soudain, l'ingénieur du son bouscule un projecteur mobile et le fait tomber dans le jaccuzzi. Un fond noir se met en place, des bruits d'électrocution crépitent. On voit le réalisateur montant à peine les sourcils, l'ingénieur du son regarde vers lui d'un air gêné, puis de nouveau un fond noir avec un texte : La bonne nouvelle, c'est que Cynthia et Angelo ont eu un rapport protégé.

Enfin, le logo Aides et le slogan « Protégez-vous » font leur apparition.

 

ANALYSE:

 

La publicité date de 2003 et provient du site culture pub, dans un contexte de campagnes régulières contre les maladies sexuellement transmissibles (MST). C'est encore le cas de nos jours, mais les spots télévisés sont moins présents qu'en cette année 2003. Cette publicité rentre dans la catégorie des « Grandes Causes », catégorie regroupant les campagnes de prévention concernant la santé de la population.

 

À l'origine de cette publicité, l'agence Tbwa et Les Elvis comme réalisateurs.

 

L'ambiance de la publicité est clairement celle d'une scène de tournage. La scène est assez lumineuse. Quelque chose est néanmoins frappant, c'est le look du réalisateur et des acteurs.

 

Le réalisateur ressemble à un homme puissant en vacances avec ses lunettes de soleil, sa chemise et sa bague. L'acteur, Angelo, a clairement un look rappelant les années 70-80.

 

Quant à Cynthia, l'actrice, elle est dans cette publicité le stéréotype du canon de beauté de ces années-là. On assiste vraisemblablement à une vision décalée de la chose.

 

En effet, le reste de l'équipe de tournage, caméraman ou ingénieur du son, ont un look plus moderne. A travers cela, un message clair : Le Sida traverse les époques, et il est aussi important de nos jours que dans ces années 70 qui rappelons-le, étaient les années connues sous l'expression «  La France se déshabille », période d'émancipation sexuelle.


Le fait que l'on voit comment se déroule un tournage de film est un phénomène de transparence.

 

En effet, cette transparence nous fait comprendre que l'on peut maquiller les inquiétudes liées au Sida ( l'actrice se maquille avant la scène ), mais qu'il est bel et bien présent.

 

On remarque une indifférence totale de la part de l'ensemble des personnes présentes, ce manque d'émotions est volontaire et vise à dénoncer le caractère « je m'en foutiste » trop présent chez les gens face à ce réel problème.

 

Lorsque le projecteur tombe dans l'eau, on peut traduire ça par une phrase qui serait «  Le Sida nous tombe dessus même quand on ne s'y attend pas. ».

 

Suite à ce passage, des émotions se révèlent chez le réalisateur ( la surprise ) et chez l'ingénieur ( la gêne ), deux des principaux sentiments ressentis une fois le virus découvert, mais c'est déjà trop tard.

 

La mise en scène avec les bruits d'électrocution est ici faite de sorte à faire comprendre que le Sida peut être foudroyant. On peut dire que cette publicité est axée sur l'humour, d'une part avec son contraste des époques comme dit précédemment, et d'autre part avec la phrase sur fond noir après le drame « La bonne nouvelle, c'est que Cynthia et Angelo ont eu un rapport protégé ».

 

C'est là dedans que réside toute l'originalité de cette publicité, car il est rare que l'ont parle d'une chose aussi grave que le Sida sur le ton de l'humour.


Il n'y a pas de paroles ou de texte en quantité suffisante pour raconter la publicité.

 

En fait, les mots ne servent à rien dans ce cas-ci, les images parlent d'elles-mêmes.

 

Le discours narratif est présent par le biais des images. Le silence est pesant, il est indispensable dans la mise en place de l'atmosphère que souhaite imposer l'énonciateur.

Concernant cet énonciateur, il est présent dans cette publicité, non pas par la présence de « je », mais par la présence du logo de ce dernier « Aides » et de son slogan « Protégez-vous » qui contient d'ailleurs un embrayeur personnel « vous ».

La non-personne est ici représentée par l'acte sexuel entre les deux acteurs. On constate la création de deux univers autonomes; le premier étant celui du cinéma pornographique, le second celui des années 70-80, tous deux implantés dans un troisième univers autonome, celui du monde moderne représenté d'une part par l'année de diffusion (2003) et d'autre part par le look moderne de l'équipe technique de tournage ( hors réalisateur et acteurs. ).

 

En établissant une rupture avec la situation d'énonciation, l'énonciation considère les relations sexuelles indépendamment de la relation publicitaire. Le téléspectateur n'est visé qu'indirectement sous forme de non-personne, ici, les acteurs pratiquant l'acte sexuel.

 

Cela fait prendre conscience au téléspectateur que l'acte sexuel n'est pas qu'une partie de plaisir, et qu'il existe le risque, le Sida, dont il faut se méfier. La solution à ce problème est donnée par l'énonciateur lorsqu'il se présente en fin de publicité avec son logo et son slogan.

 

Cette solution est simple : « Protégez-vous ». Il convient de noter que tout au long de la publicité, nous ne savons pas à quoi nous avons à faire. Nous le découvrons avec la dernière image, celle de la présentation de l'énonciateur, il s'agit donc d'une aspectualisation, on ne connait le sujet qu'à la fin. Nous avons dis que la publicité était du discours narratif, mais en fait, pas totalement.

 

Le plan sur fond noir avec la phrase « Protégez-vous » relève du discours injonctif parce qu'il y a l'emploi de l'impératif et cela vise à faire réagir le destinataire, caractéristiques du discours injonctif. Les différents looks des personnages jouent le rôle d'embrayeurs temporels qui pourraient se traduire par « De tout temps, le Sida a toujours été une menace ».

 

De ce fait, la notion de temporalité instaure le message comme une vérité générale qui est objective et qui n'est pas le point de vue de l'énonciateur. Cela permet une rupture entre le passé ( réalisateur et acteurs ) et le présent ( équipe de tournage ). L'absence de modalisation donne une impression d'objectivité, en effet l'énonciateur ne prend pas partie dans le message qu'il fait passer.Nous avons donc vu que cette publicité objective relève du discours narratif et du discours injonctif, qu'elle fait passer son message par les images en jouant sur des ruptures temporelles, et sur l'humour, et qu'elle n'a pas besoin de paroles ou de textes pour se faire comprendre.  

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