ANALYSE " TOUTE UNE HISTOIRE"
ETUDE SEMIOLOGIQUE " TOUTE UNE HISTOIRE"
I HISTORIQUE TOUTE UNE HISTOIRE :
Jean-Luc Delarue est né en 1964 à Paris, il est un des animateurs-producteurs les plus influents du Paysage Audiovisuel Français, celui que l’on nomme « l’homme à l’oreillette » pour son oreillette lors des émissions est l’un des animateurs les mieux payés du paysage audiovisuel (1). Jean-Luc Delarue, animateur et producteur de télévision français, fait son entrée dans le monde des médias en 1986, à l’âge de 22 ans, avec l'émission « Une page de pub » sur la chaîne TV6. Il travaillera sur Europe avant de rejoindre la télévision, notamment sur Canal + en 1991 avant de rejoindre France 2 à partir de 1994. Le présentateur, tout comme ses émissions, fait souvent l’objet de critiques sur la façon dont des sujets graves peuvent être exploités pour faire de l’audience.
Il crée simultanément sa société de production Réservoir Prod et l’émission « Ça se discute ». Réservoir Prod est l’une des boites de productions ayant reçu le plus de sanctions, notamment pour le mauvais traitement des salariés. En 2000, Jean-Luc Delarue crée trois filiales de Reservoir Pord : Réservoir Net, dédiée à la création de contenus audiovisuels et interactifs pour internet, Reservoir Sport, spécialisée dans les programmes sportifs, Reservoir Doc qui produit régulièrement des reportages pour Zone interdite pour M6, Des racines et des ailes sur France 3 et Envoyé Spécial sur France 2.
En 2010, le Groupe Réservoir emploie plus de 200 permanents environ (2). Il est le premier producteur indépendant de flux français (hors sport et information) avec jusqu’en 2002, 14 heures de productions hebdomadaires. Aujourd’hui on peut dire que cette boite de production est en déclin, on ne retrouve que deux émissions sur les antennes « Toute une histoire » sur France 2 et « Maison à vendre » sur M6. Les deux plus gros succès de l’animateur seront « jour après jour » où il recevra un sept d’or en octobre 2001, le but de cette émission sera de suivre la vie d’invités, suivis jour après jour, avant, pendant et après un événement déterminant dans leur existence. L’autre gros succès sera « ça se discute » qui va nous emmener à notre sujet d’étude « Toute une histoire », pour cette émission Jean-Luc Delarue recevra un autre sept d’or. Jusqu’en 2008, l’émission réalisée la deuxième partie de soirée la plus performante de France 2. Le but de l’émission était de rassembler des invités autour d’un sujet donné encadré par des psychologues. L’émission durera 15 ans avant d’être arrêter pour simple « usure »(3)
[1] Selon le journal, « Le Parisien » l’animateur toucherait 4500 euros quotidiennement
[2] Source provenant du site de la boite de production
[3] Article du magazine « Le Point » du 5 décembre 2009
II PRESENTATION DE L’INSTITUTION :
« Toute une histoire » est une émission quotidienne diffusée du lundi au vendredi sur France 2. Elle démarre juste après la fin du Journal Télévisé à 14h, sur un format de 52 minutes. Elle est suivie par la série « Le Renard ». Sur le même créneau horaire, sont diffusés sur TF1 les « Feux de l’amour » et « Derrick » sur France 3. « Toute une histoire » a démarré en septembre 2006 et entame cette année sa quatrième saison. Les émissions sont enregistrées de 14h à 18h30 quelques jours avant la diffusion ou même selon les thèmes des mois à l’avance. L'émission aborde chaque jour différents thèmes de société : l'éducation, l'argent mais aussi les problèmes familiaux. Pendant l’émission les invités parlent de leur vie ou anecdotes avec l’animateur. On retrouve aussi des reportages qui appuient les explications des protagonistes. Toute une histoire est reprise par la Télévision Suisse Romande TSR du lundi au vendredi à 13h15 après la météo, ainsi que par la Télévision belge RTBF à 18h00. Toute une histoire est donc un magazine de société, ce dernier n’est pas sous-titré ce qui est un paradoxe pour une émission qui relate les problèmes de société. De plus l’émission est en clair mais pas en direct, cela est dû en autre aux erreurs de direct de Jean-Luc Delarue. Toute une histoire est donc un magazine qui fait une grande part au malheur des gens, qui va jouer sur l’émotion, leur mal-être. « On constate que Toute une histoire n’est pas une émission digne du service public : voyeuriste »(5). En effet par le biais des reportages où même des thèmes le téléspectateur se retrouvent dans la position d’un voyeur. Par exemple l’émission du 14 avril relatait l’accouchement de mères, et l’on pouvait voir ce moment privé dans l’émission.
Cette émission aurait suffisamment sa place sur les chaînes privées comme TF1, où l’on peut faire un lien avec les émissions comme « Le grand Frère » ou encore « Confessions Intime ». Une émission qui se dit proche des téléspectateurs, cela est dû par le caractère décontracté de l’animateur qui a quitté sa veste et son oreillette pour un polo et une pochette qui le rend plus simple. Dans l’émission le mot famille est souvent repris de même que le mot aventure, à travers ce programme une communauté se crée, une communauté qui rappelle d’autres médias comme la radio RMC ou encore le magazine Télérama qui joue sur cette proximité pour renforcer leur notoriété. Cette conception de communauté est renforcée par le biais du forum, maintenant il est possible de commenter le thème du jour avec les invités et le présentateur. C’est ce que l’on appelle « l’après émission », il possible aussi de regarder les émissions jusqu’à une semaine après leurs diffusions.
Les téléspectateurs visés sont ceux « que la télé ne parlent pas (6) » selon Jean-Luc Delarue. Toutes celles et ceux qui, parce qu'ils viennent d'avoir un enfant, parce qu'ils sont en recherche d'emploi, parce qu'ils sont à la retraite. Les publicités qui précèdent ou suivent l’émission sont en corrélation avec le public visé, on retrouve des publicités pour les produits ménagés, ou encore pour les personnes âgés. L’audience et le spectateur visé est donc la ménagère de plus de cinquante ans inactive. Le rôle de Jean-Luc Delarue est celui du confident mais aussi celui de l’ami, celui à qui l’on confierait nos secrets, nos peurs et nos angoisses. Il est aussi l’intermédiaire entre les téléspectateurs et les invités mais aussi les spectateurs et les protagonistes. Pour finir sur cette présentation, beaucoup de rumeurs annoncées la fin de l’émission en juin 2009, et l’on parlait de Stéphane Bern pour le remplacer. Finalement la chaîne a décidé de mettre l’émission de Bern à la suite de celle de Delarue.
[4] Lors de la cérémonie il parle des « globes » en faisant allusion aux seins de Yamina Benguigui
[5] Article du 14 octobre 2009 du blog « Sémioblog ».
[6] Interview réalisé dans le magazine tv magazine le 30 aout 2006.
III ANALYSE SEMIOLOGIQUE :
Comme nous l’avons évoqué précédemment l’émission « Toute une histoire » a supplée à « c’est mon choix ». Dans une interview Jean-Luc Delarue a précisé qu’il y aurait un changement radical entre ces émissions, c’est mon choix était basé sur le show quand à toute une histoire il a parlé de « talk » (7). J’ai donc décidé de comparer ces émissions pour savoir si la promesse de l’animateur était la même celle que le spectateur allait percevoir. Pour commencer l’horaire est bien entendu la même pour les deux émissions. Le logo est sensiblement le même, les deux on opté pour une typographie arrondie de couleur blanche même le fond est ressemblant le premier est orange pour c’est mon choix, le deuxième rouge pour « toute une histoire » (oui, le logo était d’abord rouge avant d’être bleu pour l’émission).
Autre ressemblance le plateau avec celui de cette saison (car lors des premières saisons il était différent), il y a une estrade avec les invités sur l’estrade et le public en face comme pour un mur jugeant les invités. Enfin le logo dans les deux institutions est incrusté en face en fond derrière les invités. Concernant les premières saisons nous l’avons dit précédemment le logo est différent mais aussi le plateau, le plateau de « Toute une histoire » est une d’arène, le public était placé tout autour des invités et de l’animateur. Ce plateau rappelait fortement un œil où, Jean-Luc Delarue était placé assis au centre de cet œil, dont il serait la pupille, pour scruter, observer les invités, regarder le téléspectateur. Ces éléments démontrent encore le côté voyeuriste de l’émission qui est assumé par Jean-Luc Delarue et la production. Cette mise en scène était en contradiction avec celle de c’est mon choix où la présentatrice était elle debout. Quand au générique de l’émission, il enchaine différente images de Paris mais aussi des studios de la chaîne, on peut rapprocher ce générique d’une mise en abîme, on voit à l’écran les cadreurs, les maquilleurs. Le générique renforce encore cette idée de communauté, on se sent proche de l’équipe de l’émission. A la fin du générique, environ (15 secondes) la caméra entre sur le plateau par le bas et se dirige vers Jean-Luc Delarue. A la fin du générique un gros plan apparaît sur l’animateur qui nous présente le thème de l’émission avec une phrase accrocheuse. Il faut préciser aussi que Jean-Luc Delarue présente le thème de l’émission juste avant le journal de 13h, il va donc donner envie aux téléspectateurs de France 2 de le suivre après le journal. Chaque émission débute par une compilation de reportage évoquant le thème de l’émission. Le fait que l’émission ne soit pas en direct apporte un message différent aux téléspectateurs. En effet le montage, permet d’obtenir une mise en scène basée sur l’émotion, le misérabilisme. De plus les gestes d’accompagnement du présentateur vont dans cette direction, il n’est pas rare de voir Delarue être choqué ou même de pleurer. Quelques fois ce dernier n’hésite pas à pousser les invités à se livrer, ou à pleurer. On est toujours dans le côté voyeuriste de l’émission. L’émission a ensuite changer de décor à partir de la troisième saison. « Nous allons essayer de rendre le climat de l'émission encore plus chaleureux »(8), Delarue a voulu encore plus se rapprocher du public.
Le plateau en forme d’œil a été modifié, on est revenu au plateau de c’est mon choix avec des invités en face sur l’estrade. Quand à l’animateur, il est toujours en tenue décontractée mais ce dernier reste debout, ce qui rend moins familiale l’émission. On a l’impression qu’il domine les invités, tel un chef d’orchestre. C’est lui qui choisit donc le temps de parole, il va donc mettre en avant d’abord le sensationnel. Concernant le choix du cadrage, on remarque que la production utilise souvent le champ/ contre champs entre les invités et l’animateur. Avec des gros plans, lorsque le présentateur pose des questions choquantes. Concernant le choix du titre de l’émission il renvoi à un compte, « il était une fois », le titre nous emmène à nous dire quelle va être l’histoire aujourd’hui. De plus l’émission est structurée en trois parties, ce qui fait une référence à des chapitres d’un livre, enfin le montage du début rappel à une bande annonce. Quant à la poursuite de l’émission sur le forum, on est dans la continuité de l’histoire. Enfin on retrouve aussi les protagonistes, qui sont appelés les experts, ces derniers sont expert dans un domaine précis qui est en corrélation avec le thème du jour. Ils sont placés en face des invités et dos au public, comme pour mieux scruter les invités et en même temps faire partie du public qui juge. Durant l’émission le public a le droit d’interagir par le biais de questions. L’expert est donc porteur d’un gage de sécurité, c’est celui qui doit apporter la solution aux invités. Le public joue aussi un rôle prépondérant car ce dernier peut applaudir ou siffler selon tels ou tels propos des invités, quelquefois des membres de la famille peuvent être présent dans le public. Enfin le téléspectateur est aussi sollicité avec les appels à témoins au milieu de l’émission, des appels à témoins qui concernent un thème mais qui sont souvent reformulés plusieurs fois pour permettre au public de s’identifier dans se thème.
(7) Article paru dans tv magazine aout 2006
(8) Interview réalisé en 2008 dans télé 7 jours
Toute une histoire est une émission basée sur le voyeurisme, le témoignage et le reportage. Quelques fois cette dernière ressemble à un rendez-vous chez le psychologue où chacun raconte ses problèmes ou anecdotes. Chaque jour nous ouvrons donc le livre de l’émission en apprenant le vié privé d’inconnu ayant tous un point commun le thème du jour. Une émission qui se termine sur la phrase ou la citation du jour. Comme pour légitimer le thème du jour en citant de grands philosophes qui ont déjà réfléchi sur ce thème.
Pour beaucoup venir sur le plateau c’est résoudre une angoisse, un problème que les experts doivent le temps d’une émission parvenir à résoudre. Pour d’autres comme le public ou les téléspectateurs c’est le moment de juger où critiquer ou alors d’être dans un phénomène de compassion comme on peut le retrouver lors des reportages sanglant lors des journaux télévisés.